Station de Biologie Marine de Roscoff - Photo : © Fred Tanneau

Station de Biologie Marine de Roscoff - Photo : © Fred Tanneau

Plongée dans un écosystème naturel

De nombreuses entreprises exploitent les opportunités de recherche et d’innovation présentées par l’écosystème des 2.730 km de littoral de la région.

Selon les chiffres d’une étude réalisée par le centre de transfert de technologie CBB Capbiotek, l’industrie cosmétique bretonne génère un chiffre d’affaires de 1,8 milliard d’euros et fournit quelque 6 000 emplois. Cependant, le géant de la cosmétique, Yves Rocher, bien implanté dans la région, se taille la part du lion avec 85% des cosmétiques produits dans la région et des emplois liés. Hors Yves Rocher, l’industrie cosmétique bretonne représente un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros et emploie 2 600 à 2 700 personnes, selon l’étude.

167 groupes bretons opèrent dans l’industrie cosmétique, dont environ la moitié réalise plus de 50% de leurs ventes dans ce secteur. La moitié propose des produits finis, un quart des ingrédients et matières premières et un autre quart des services, tests, formulations et emballage. Sur les 167 entreprises, 61% sont exportatrices, principalement en Europe, en Amérique du Nord et en Asie, avec un taux d’exportation moyen est de 40%.

Un hub pour les cosmétiques marins

La Bretagne abrite quelque 700 espèces d’algues. 30% des entreprises travaillent dans la cosmétique marine, dont la moitié dans le Finistère. Ces entreprises représentent un chiffre d’affaires total de 150 millions d’euros et environ 730 emplois.

La région compte trois stations de biologie marine (Concarneau, Dinard et Roscoff) et près de 40 centres et plateformes d’innovation. La Station Biologique de Roscoff est impliquée dans le projet GENIALG qui vise à promouvoir les cultures marines et leur valorisation dans le domaine cosmétique. Ce centre a également collaboré avec des chercheurs en Biologie Intégrative des Modèles Marins et avec le Laboratoire des Sciences de l’Environnement Marin pour des recherches sur les algues brunes. L’étude a abouti à un brevet qui destiné à faciliter la production de phlorotannins (un type de tanins trouvés dans les algues brunes), qui sont utilisés comme extraits naturels par les industries cosmétiques et pharmaceutiques.

Les principaux acteurs de la cosmétique

Outre Yves Rocher, la Bretagne abrite également plusieurs acteurs clés du secteur cosmétique, qui a connu une croissance particulièrement forte au cours des vingt dernières années.

Basé à Dirinon et Relecq-Kerhuon, la société Technature est spécialisée dans le traitement de l’alginate et la production de masques. La société réalise un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros, dont 50% à l’étranger. La R&D représente 10% de ses effectifs.

Les Laboratoires Gilbert fabriquent des gels, des crèmes, des huiles et des baumes pour sa gamme Algotherm ; ainsi que des produits d’aromathérapie, des savons liquides et du liminent oleo calcaire pour bébé pour son bras Laboratoires Gilbert. L’unité de production du groupe Plouédern est spécialisée dans l’exploitation biotechnologique des algues et dans la cosmétique marine et emploie 100 personnes.

Fondée en 2002, Lessonia, travaille avec des marques de cosmétiques mondiales telles que L’Oréal, pour qui elle a développé un nouveau shampooing composé de pétales de fleurs. Lessonia est présent dans 75 pays.

Agrimer - Bretagne Cosmétique Marins est un acteur majeur du secteur des algues, pour lequel sa société affirme être la seule à couvrir l’ensemble de la chaîne de production (de la collecte d’algues au produit fini). 75% des ventes proviennent de l’export. Selon le président du groupe, André Prigent, Agrimer a la capacité de production de 10.000 tonnes d’algues par an.

Une nouvelle vague de jeunes marques

En plus du leader du marché, Yves Rocher, et de marques plus établies, la Bretagne abrite aussi de jeunes marques. 50% des entreprises de la région emploient moins de dix personnes (chiffre proche de 60% dans le Finistère). Ces entreprises génèrent en moyenne quelque 650 000 euros de revenus. Elles investissent en moyenne 14 à 15% de leurs ventes en R&D.

Parmi ces petites entreprises, Formaderm, basée à Plouineau et fondée en 2002 est spécialisée dans la phytothérapie (gels à base de plantes) et l’aromathérapie (huiles essentielles). Elle emploie dix personnes et génère un chiffre d’affaires de 850 000 euros.

Basée à Quimper, la société Yslab, fondée en 2000, emploie 13 personnes et propose des produits finis issus de la biotechnologie marine. Parmi son offre : un dentifrice à l’extrait d’algues. Yslab est présente en Russie, en Chine, au Moyen-Orient et en Europe. 90% des revenus proviennent de l’export.

Une terre d’opportunités

« Le secteur des cosmétiques marins a vraiment évolué », explique André Prigent, Président d’Agrimer-Bretagne Cosmétiques Marins.

« Il y a vingt ans, peu de gens s’intéressaient à la biotechnologie cosmétique. Aujourd’hui, c’est devenu central. Lors du dernier salon in-cosmetics, c’était l’un des domaines au cœur des innovations », ajoute Roland Conanec de CBB Capbiotek.

Avec une combinaison de petites et moyennes entreprises sur la carte de la cosmétique marine bretonne, il semble clair que ce secteur n’a plus vocation à rester le terrain de jeu du seul Yves Rocher.