C’est en 1999 que le verrier allemand crée la filiale française. « Compte tenu des nouvelles ambitions que le Groupe avait à cette époque de devenir un ‘Grand’ de la parfumerie-cosmétique haut de gamme, » souligne Yann Lefrancq, Directeur Général France, « on peut dire que nous partions à l’époque vraiment du niveau zéro en terme d’image pour les clients prestigieux du marché français. » Zanzibar…, Cologne de Thierry Mugler…, la ligne maquillage de Nina Ricci…, puis Zegna d’Yves Saint Laurent Parfums…, vont être les premières références qui vont changer précisément cette « image » d’Heinz Glas. « Car, pour beaucoup, avoue Rudolph Wurm, c’était essentiellement une question d’image. Lorsqu’on a décidé que vous êtes un verrier mass market, il est très difficile de changer même si, entre temps, votre qualité de verre et de finition s’est rapprochée des plus grands ! »
Les chiffres parlent !
Mois après mois, année après année, l’équipe commerciale France avec l’appui de tous les techniciens d’usine va s’atteler à cette tâche souvent ingrate où il s’agit de revenir sur l’ouvrage, jeter à la benne des dizaine de kilos de flacons, recalculer tel angle, modifier tel moule, repositionner tel écran de soie, refaire et refaire encore pour sortir « LE » flacon ou « LE » pot idéal en terme de répartition et de clarté du verre, de décors sophistiqué sans bavures. « C’est vrai que tout le monde a souffert, » insiste Yann Lefrancq, « mais au bout du chemin la récompense était là. »
Et les chiffres parlent. Le chiffre d’affaires double entre 1999 et 2005 pour doubler à nouveau entre 2005 et aujourd’hui. Les « Grands » du marché n’hésitent plus à faire appel au verrier allemand. On commence à comprendre qu’il se passe quelque chose du côté de cette petite ville allemande, Kleintettau, nichée au plus profond de l’Allemagne profonde, dans cette usine qui entoure encore la maison de Carl-August Heinz en personne. Un Groupe où des dizaines de millions d’euros auront été investis chaque année, ici dans un nouveau four, là dans de nouvelles machines I.S. toujours plus performantes et là dans une unité de décors au top niveau.
« C’est tout l’avantage de faire partie d’un Groupe familial réactif, » explique Rudolf Wurm, « qui réinvestit la quasi-totalité de ses bénéfices dans l’outil de production et qui a, forcément, une vision à long terme. »
Les grandes marques françaises comprennent aussi que les dirigeants d’Heinz Glas ont une stratégie industrielle « globale » que les implantations qui vont se succéder en Pologne, en Chine et au Pérou sont autant de nouvelles unités dont les performances vont être calquées sur les sites industriels historiques allemands.
2008 : la vitesse supérieure
La qualité est au rendez-vous, les délais aussi… « C’est au cours des cinq dernières années, » souligne Yann Lefrancq, « que nous sommes vraiment passés à la vitesse supérieure en France. » Le verrier allemand est alors de plus en plus systématiquement consulté sur les grands lancements.
L’arrivée de Nicolas Lejeune dans l’équipe d’Heinz Glas France qui vient de chez Coty, puis de Laurent Destanque qui vient de chez L’Oréal ne font que renforcer la crédibilité et le niveau du verrier allemand auprès des grandes marques. Les participations aux nouveaux lancements s’accélèrent… En 2006 c’est le flacon « Glow After Dark » de Jennifer Lopez, un flacon metallisé et « bijouté ». La même année c’est « Fleur du Mâle » de Jean-Paul Gaultier, un flacon haute parfumerie en opal. En 2007, c’est « Black X S for her » un flacon lacqué dégradé et tampographié. En 2008, c’est John Galliano. En 2009, c’est « Ricci Ricci », un flacon lacqué dégradé. La même année ce sont aussi « Opium » de Yves Saint Laurent Parfums, un flacon lacqué et tampographié or et « So Elixir » d’Yves Rocher.
« 2008 fut à n’en pas douter l’une de nos plus grandes dernières années, » confie Rudolf Wurm. « Quant à 2009, et contre toute attente, elle aura été plutôt moins mauvaise pour Heinz Glas grâce à la fois aux sacrifices consentis par toute l’équipe mais aussi grâce à la confiance que nous ont témoignée nos clients pendant cette période. » Cette volonté d’être sur « tous les coups » et de ne pas hésiter à relever des défis à la fois sur le plan de la technique verrière et sur celui des différentes techniques de parachèvement aura fini par « payer ».